Présentation

À l’évidence, Cendrillon Bélanger est moins une plasticienne qu’une metteur-en-image-de-la-scène. Et c’est là que la sophistication de son univers se complexifie à l'envi.

Au-delà des thèmes flagrants (la femme, la féminité et tout ce qui en découle, l’amour y compris), il n’y a pas chez elle de point de vue universel. Incidemment, cela place le spectateur dans une position distanciée qui rend impossible tout rapport amoureux, et qui se fonde sur un mélange d’admiration, de fascination et de recul. Pour Cendrillon Bélanger, l’objectif (de la caméra, de l’appareil photo ou du photomaton) est un regard. 

En tant qu’artiste, elle regarde ce “regard” de l’objectif. Ce jeu rebute le spectateur parce qu' il en est exclu. Dans le même temps, l'artiste rend compte d’un personnage qui, lui, est totalement immergé dans l'objectif. Il s’agit en général d’une femme qui impose une direction au regard d'un homme qui croit la dominer. 

Tout le travail de Cendrillon Bélanger est suspendu à ce détournement du regard, à cette résistance et à cette prise de pouvoir dans la scène. Tout est contrarié sans complaisance par la façon dont l’action se déroule. Jusqu’à ce que tout bascule.

Emma Rapin, historienne de l'art